REALISATION DE DECORS EN ETAIN METHODE UTILISEE PAR L'ATELIER DU COMDT
Toulouse Occitanie
Avertissements:
les manipulations décrites dans cette fiche doivent être effectuées en respectant les règles de sécurité. Utiliser des gants et un tablier de cuir pour vos manipulations,
éviter les tongs, porter des lunettes de protection et surtout travaillez dans un milieu aéré pour faire fondre l'étain, éventuellement porter un masque.
Cette liste n'est pas exhaustive et il est de votre responsabilité de prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter un accident.
L'article ci-après a été rédigé par Pascal Petiprez actuel facteur du Centre Occitan des Musiques et Danses Traditionnelles Toulouse Occitanie.
Je vais vous parler de la technique de décoration à l'étain que j'utilise pour mes instruments.
Cette technique, m'a été enseignée par Bernard Desblancs, avec qui j'ai eu la chance d'apprendre mon métier pendant 11 ans. Lui-même, a appris beaucoup
à propos des incrustations à l'étain dans les années 70, avec un facteur, musicien slovaque nommé Anton Vranka. Il n'est plus à démontrer que la
boha a énormément de similitudes avec certaines cornemuses à anches simples d'Europe de l'est, y compris pour les décorations.
Comme nous pouvons le voir sur la photo 1, une fois la pièce de bois tournée (ici, un porte vent), je vais tracer au crayon et usiner les motifs
de décoration choisis, qui correspondent au cheminement que prendra l'étain.
Sur la photo 2, les motifs sont terminés, il ne reste plus qu'à polir le bois, car aprés on ne pourra plus le retravailler.
Je colle ensuite au joint silicone du carton souple sur la pièce et je le redécoupe pour qu'il corresponde exactement aux motifs du bois.
Ceci et un travail long et doit être fait le plus précisément possible. Il permet d'une part de protéger le bois de la chaleur de l'étain
fondu (+200 degrés, le buis étant un bois clair, il noircirait sous l'effet de cette chaleur) et de plus, le carton crée une sur-épaisseur sur le bois ce qui au final
donnera du relief à l'ouvrage. Photo 3 : carton découpé selon les motifs
Sur la photo 4, nous sommes prêts à couler l'étain. Je le fait fondre dans une casserole, et une fois liquide, je le verse en une seule fois dans le moule,
ici du carton tenu par de la ficelle, mais on peut aussi fabriquer un moule rigide, en bois, par exemple, qui obligera l'étain à aller plus profondément dans les sillons creusés.
Attention, l'étain pas assez chaud n'ira pas partout correctement et cela créera des manques. A l'inverse, un étain trop chaud, à ébullition, risque d'emprisonner des bulles
et cela peut aussi créer des manques. Il faut en faire et en rater beaucoup pour savoir quand l'étain est prêt à être versé dans le moule.
Photo 5 : L'étain est versé dans le moule, il n y a plus qu'à attendre qu'il refroidisse pour le travailler au tour.
Il suffit ensuite de reprendre la pièce au tour comme sur la photo 6 et d'éliminer le surplus d'étain que l'on récupère bien sûr afin de le réutiliser
pour les prochains instruments.
Sur la photo 7,
on peut voir les motifs de décoration apparaître, ainsi que le carton (ici de couleur rose) qui protège le bois. Dès l'apparition de ce carton, je sais que je dois arrêter
d'enlever de l'étain, sinon je n'aurai plus la sur-épaisseur voulue. A présent je vais finir l'étain avec du papier de verre très fin, s'il y a des traces d'usinage,
le carton protège aussi le bois de la poussière d'étain liée au ponçage. Pour ma part j'essaie de travailler la finition
au tournage et de garder la brillance de l'usinage. Par la suite, il suffit juste avec l'ongle de retirer le carton, ainsi que la fine pellicule de silicone, de découper
soigneusement tous les bords de l'étain avec un bistouri(ou autre) et de faire briller celui-ci. J'utilise pour cela un "brunissoir" petite baguette en buis à la pointe
arrondie que je trempe dans l'huile et avec laquelle je viens appuyer sur toutes les arêtes vives des motifs en étain, cela donne du brillant et du relief.
Il ne reste plus qu'à finir le porte vent en tournant l'autre extrémité, ici la partie en corne. Photo 8
Photo 9 : porte vent terminé. Celui-ci trempera 12 heures dans de l'huile avant d'être monté sur la poche.